Jean de Peretti della Rocca, 1855-1932

Né en 1856 à Levie (Corse-du-Sud) dans une famille de l'aristocratie corse, destiné à une carrière militaire, Jean de Peretti della Rocca échappa à cette voie pour une vie multiple d'homme de lettres et de journaliste, qu'il accomplit, aux côtés de sa compagne Nicette, du Maine au Comté de Nice, sans négliger sa patrie corse, objet de sa piété et de son lyrisme.
Devenu une personnalité notoire du journalisme corse et niçois, il collabora à de nombreux titres publiés dans l'île et le Comté entre 1890 et 1932, comme le Phare du Littoral, le Réveil de la Montagne et de Nice, le Petit Bastiais, le Colombo, et surtout Nice littéraire, un organe mondain tenu à quatre mains entre 1895 et 1932 avec son épouse.
Poète et dramaturge à l'inspiration élégiaque et patriotique, élu corse à l'énergie volontariste, Jean du Maine, autrement dit Jean de Peretti della Rocca, semble aujourd'hui oublié, sur les rives d'une Méditerranée qu'il traversa tant de fois dans les deux sens. Cette ingratitude rassemble les historiens de la littérature et du journalisme, éblouis par les talents plus notoires d'une presse pléthorique dans les débats de la Troisième République, mais aussi les tenants d'un régionalisme pur et dur rebutés peut-être par le classicisme académique à la française que le personnage, malgré un attachement viscéral à son île, affiche dans ses oeuvres. Pourtant, incarnant les vertus que la tradition romantique prête aux habitants des hautes terres farouches de la Corse, représentant emblématique des illusions d'une partie de la société de son époque, homme de plume de quelque valeur, ce " publiciste " semble digne d'émerger des flots sombres du Léthé.
Sans doute peut-il figurer avec honneur parmi les précurseurs de la défense et de l'illustration de l'identité corse fondue dans la patrie française, pour laquelle il milita en ces temps où l'une comme l'autre étaient malmenées par l'Histoire et le destin, passeur exemplaire de rêves et de projets.