Jean Wier

Acteurs de la science

Des dieux, des démons, des sorcières

On a déjà dit que plus de cent mille prétendus sorciers ont été exécutés à mort en Europe. La philosophie a guéri enfin les hommes de cette abominable chimère, et a enseigné aux juges qu'il ne faut pas brûler les imbéciles. Cette phrase, que Voltaire écrivait dans son Dictionnaire philosophique en 1765, illustre bien la finalité de ce livre : démontrer à travers l'examen de l'oeuvre de Wier et l'étude des méfaits de la superstition et du fanatisme, dont la résurgence actuelle est patente, que les manifestations du fondamentalisme relèvent d'une authentique et mortelle escroquerie. Le livre se déploie autour de l'analyse de quatre ouvrages : le Malleus maleficarum d'Institoris, le Des sorcières et des devineresses de Molitor, la Démonomanie de Bodin et les Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des magiciens infâmes, sorcières et empoisonneurs de Wier, ici résumé pour la première fois en totalité. Ces livres reflétaient la position de deux clans opposés, les sectaires menés par l'Inquisition d'un côté, troupe sanguinaire mais homogène, les humanitaires de l'autre côté, individus souvent isolés animés d'une sincère compassion. On rappelle ensuite l'histoire exemplaire de Marthe Brossier, modèle de charlatanisme religieux. Les conjectures des théologiens, des juristes, des philosophes et des médecins concernant la possession diabolique, la présence obsédante et déshonorante de la torture, occupent les deux derniers chapitres et clôturent le livre.