Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 442 pages
Poids : 700 g
Dimensions : 15cm X 24cm
ISBN : 978-2-84578-117-7
EAN : 9782845781177
Quatrième de couverture
L'édition de cette partie du Journal est le complément nécessaire du volume déjà paru en 2006 par le soin des Éditions Manucius qui portait sur les premières années, 1779-1789. Le manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France va du 20 août 1787 au 12 juin 1796, fait suite à une liasse déposée dans les Archives de la Bastille, à la Bibliothèque de l'Arsenal.
Ce journal ne ressemble à aucun autre : loin de toute préoccupation littéraire, de toute pensée d'un lecteur futur, il se présente comme une suite de notes lapidaires, où Rétif consigne les étapes de son travail d'écrivain et d'imprimeur, ses relations avec les libraires, ses déambulations dans les rues de Paris, ses rencontres, ses sorties au théâtre. Il tient également registre de ses maladies, et des secrets de sa vie sexuelle auprès de ses deux filles. C'est une masse d'informations que nous livrent ces notes prises au jour le jour. On y voit un Rétif acharné à imprimer les milliers de pages de son autobiographie, Monsieur Nicolas, de son vaste recueil de L'Année des dames nationales et de la somme théâtrale qu'est Le Drame de la vie. Le papier est rare, donc cher, et les caractères dans la casse sont disparates, de mauvaise qualité, parfois manquants. Mais ni le délabrement de sa santé, ni la misère, ne l'empêcheront de mener à bien ces grandes entreprises.
Ce journal permet aussi de mesurer combien Rétif est un être social. Il rend des visites, accepte de nombreuses invitations. Il a des amis fidèles, qui lui viennent en aide autant qu'ils le peuvent. Parmi eux Louis-Sébastien Mercier, dramaturge à succès, auteur du célèbre Tableau de Paris, homme politique en vue, influent après la chute de Robespierre. Faute de salon mondain (le salon de Mme de Beauharnais a disparu dans la tourmente révolutionnaire), Rétif devient un client assidu du café Manoury. C'est là qu'il apprend les nouvelles du jour, en discute, se lie avec quelques personnages. Ajoutons qu'il note aussi dans son journal, avec les événements de sa vie privée, les faits marquants de l'actualité politique et militaire, suggérant ainsi que ce qui se passe à l'Assemblée ou sur les champs de bataille n'est pas dissociable de son destin individuel. Il n'est décidément pas l'ermite de la rue de la Bûcherie, enfermé dans sa graphomanie.
Au final, cette oeuvre qui s'interrompt brusquement au bas d'une page, à la date du 12 juin 1796, et dont la suite est sans doute perdue à jamais, révèle une personnalité complexe, attachante, un travailleur inlassable, et cependant un homme ouvert sur le monde qui l'entoure. Un homme aux prises avec les pires difficultés matérielles et toujours habité, cependant, par sa foi dans l'importance du livre.