Jung et la troisième hypothèse

Quand Jung écrivait à la fin de sa vie, avec le sage Lao Tseu : «Tous les êtres sont clairs, moi seul suis trouble», il exprimait peut-être par là le pouvoir éclairant de ses propres découvertes dans la connaissance d'autrui, mais aussi les inextricables antinomies dans lesquelles elles le plaçaient lui-même en raison de la nature paradoxale de l'âme, qui rend sa théorisation pratiquement impossible.

A cet aveu, Franck C. Ferrier répond par une proposition inaugurale - à mettre en parallèle avec le cogito cartésien - : «L'âme est d'essence paradoxale et elle révèle un monde d'oppositions». Cette proposition première n'est pas susceptible de recevoir une proposition contraire. Elle doit donc être acceptée comme la pierre angulaire de la connaissance de la psyché et entraîne une conséquence heuristique de la plus haute importance : «S'il existe une possibilité de théoriser la psyché, elle doit nécessairement résider au sein même de cette `structure' paradoxale et conflictuelle. Dès lors, la théorisation du psychisme doit se donner pour tâche de proposer une théorie du Soi.»

(Extrait de la préface de M. Rychner)