L'Alsace vue du ciel

À un journaliste qui lui demandait pourquoi il ne voyageait jamais, l'écrivain poète Sainte-Beuve répondit qu'il partirait en voyage une fois qu'il aurait terminé de découvrir son jardin. Belle allégorie pour désigner les richesses que l'on a près de soi, tandis que l'on court chercher celles, lointaines, que, pour une raison qui relève sans doute plus de la psychiatrie que de l'aventure, l'on a peur de manquer. Je ne sais pas si Sainte-Beuve est allé en Alsace. Si cela avait été le cas, il aurait sans doute ajouté à son espièglerie qu'il lui en manquait le désir, mais aussi le temps. L'éternité, aurait-il dit. Car l'Alsace n'expose pas ses paysages, sa nature somptueuse, ses villages inimitables, son patrimoine varié, en bref ses richesses: elle plie sous elles. Est-ce l'explication de cette vaste plaine encadrée à l'ouest par les Vosges, à l'est par le Rhin puis le massif de la Forêt-Noire? Vous le lirez, c'est un peu plus complexe. Et si l'Histoire n'a pas épargné cette petite région si fière, dont l'intensité de la franchise et des sentiments vous touchera à coup sûr, visiter l'Alsace reste un moment fort. Quand, en plus, on vous propose une visite à dos de cigogne, ce n'est plus fort. Cela devient inoubliable. Bon voyage.