L'âme tatouée

« J'ai tout perdu sauf mon accent », aime à dire Raluca Nathan. L'accent de Bucarest, où est née cette fille d'artistes et d'intellectuels. C'était avant que la Gestapo ne traque sa famille, puis que les communistes ne transforment la Roumanie en ce « pays où le rire est interdit, sauf s'il est marxiste ».

Malgré la faim, l'angoisse, la solitude, Raluca aime pourtant rire, jouer et aimer. Mariée à seize ans, elle doit, pour monter sur les planches, faire oublier ses origines bourgeoises, à raison d'une année de travail en usine et de séances répétées de lavage de cerveau. À ce prix seulement, elle pourra jouer dans Mère Courage au théâtre d'État - quand elle ne doit pas subir les tortures de la Securitate ou déjouer les tentatives d'empoisonnement de ses rivales, membres du Parti...

Gagnera-t-elle en France, où elle s'exile en 1964, « le repos dans la douce étreinte de la démocratie » ? Elle y trouvera surtout l'amour fou. Quête de toute une vie dont voici le récit, comme « un défi lancé au temps ». L'humour y nargue la détresse, et l'optimisme un destin contraire : ils font de ce récit une leçon d'espoir.

« L'Âme tatouée, c'est Alice au pays des merveilles et des horreurs, de l'amour et de la haine, des petits plaisirs et des chocs terribles. »
(André Bercoff, extrait de sa postface)