L'année du rat

C'est un chantier, terrain vague de constructions en suspens, dans un monde pétrifié par la pandémie. Des voix pointant s'y lèvent, tard le soir, quand des confinés y célèbrent des messes basses. Très basses.

Un homme entend la peur qui monte là, sent les sanies qu'elle charrie, hantises, fantasmes, pulsions, chez les autres comme en lui-même.

La crise qui en ce printemps 2020 accable le monde a produit des écrits nombreux, qui souvent invoquent des lendemains meilleurs, une humanité bonifiée par cette crise somme toute salutaire. Mais il fallait, au préalable, explorer sa dimension impure, les non-dits, sa part inavouable. L'année du Rat livre cette plongée en eaux troubles. On y pousse les vieux, on y bat des femmes et Mick Jagger chante You Can't Always Get What You. Want.

C'est caustique mais pénétrant, ignoble parfois, drôle par moments.

De son ouvrage sur la guerre du Kosovo (Killing Fields, éditions Phi) à son livre sur le djihadisme (Retour en Barbarie, éditions de la Différence), Gaston Carré, psychologue et journaliste, sonde la part obscure des grands événements.