L'enveloppe politique

Le caractère de la démocratie n'est pas donné par le principe abstrait qui l'inspire, mais par le contenu concret dont elle constitue l'enveloppe. Dans la phase historique dans laquelle le capitalisme, en développant les forces productives, accomplit sa fonction historique progressive, la démocratie, meilleure enveloppe de son ascension, est progressive elle aussi. Lorsque le capitalisme atteint sa maturité et devient impérialiste, lorsqu'il ne développe plus les forces productives que pour les détruire dans l'explosion de ses contradictions, c'est à dire lorsqu'il devient réactionnaire, alors la démocratie aussi, meilleure enveloppe de ses guerres et de sa putréfaction, devient réactionnaire.

La démocratie est la meilleure enveloppe de l'impérialisme car c'est la forme politique qui résout au mieux le casse-tête de la synthèse d'une ligne générale à partir du conflit entre intérêts particuliers, conflit que le développement impérialiste, loin d'apaiser, exacerbe. La restauration du concept léniniste de démocratie impérialiste réactionnaire restitue aux révolutionnaires leur autonomie théorique et politique perdue, mais elle permet aussi d'affronter l'étude des formes inédites que l'enveloppe politique de l'impérialisme européen prend et prendra demain.

La dynamique du marché mondial oblige les grands groupes et les fractions de l'impérialisme européen à trouver un nouvel équilibre entre les intérêts généraux et les intérêts particuliers La multiplicité et la contradiction des intérêts de la bourgeoisie européenne n'ont pas diminué, mais l'émergence de puissances de dimensions continentales impose une synthèse sur une échelle plus large que celle de l'État national. Les formes politiques inédites générées par ce processus posent des problèmes ardus à l'analyse, qui seraient insolubles sans une compréhension générale du rapport entre l'enveloppe politique et la dynamique économique, à commencer, précisément, par le mécanisme de la démocratie impérialiste.