L'histoire de l'Espagne dans la littérature française

Quand on examine la question de la connaissance réciproque de la France et l'Espagne, on ne peut qu'être surpris par la persistance tenace, au sein de chacune d'elles, des images stéréotypées de l'autre. Nous vivons à une époque où l'intégration politique et économique de l'Europe est une réalité, mais les clichés hérités de l'Histoire ont la vie dure.

Précisément, L'Histoire de l'Espagne dans la littérature française s'efforce de déterminer dans quels contextes politiques, idéologiques et littéraires ont pris forme les images françaises de l'autre espagnol, comment celles-ci se sont converties en stéréotypes au point de constituer des clés interprétatives, mais aussi dans quelles circonstances elles ont pu se transformer voire disparaître, parfois remplacées par des images contraires. L'originalité de la recherche ne tient pas seulement à son extraordinaire amplitude, puisqu'elle porte du Moyen Âge aux lendemains de la guerre d'Espagne, et articule une dialectique entre les disciplines littéraires et proprement historiques, mais à l'hypothèse dont elle part, et qui se confirme: ce sont les représentations littéraires (romanesques, théâtrales, poétiques) d'aspects frappants de l'histoire de l'Espagne qui ont principalement conditionné les images de l'hispanité. L'étude débouche sur un essai de typologie des fonctions qu'assume la thématisation littéraire de l'Histoire de l'autre.

On invite donc le lecteur à un voyage riche en découvertes, à travers l'histoire de l'Espagne et celle de la littérature française (lato sensu), à travers les thèmes et les mythes hispaniques qui apparaissent dans les différents genres littéraires: le Cid et la Reconquête, Charles Quint et la colonisation américaine etc., mais encore Pierre le Cruel ou Numance, le peuple héroïque de la guerre d'Indépendance, les courants progressistes et la Transition... En même temps, s'offre une réflexion sur les illusions, tantôt naïves tantôt intéressées, qui brouillent nos relations aux autres, et finalement à nous-mêmes.