L'illettrisme, une affaire d'Etat ?

L'Illettrisme, une affaire d'état ?

ou le peuple privé de la jouissance de sa langue

« L'illettrisme ressemble à un continent mal connu... Certains y voient une difficulté liée à l'apprentissage, une variété de la dyslexie, un épiphénomène de désordres neurologiques, une tare sociale, voire génétique, un objet linguistique, une curiosité, d'autres enfin, une faillite de l'école ou des familles... » Philippe Viard pose d'emblée le problème face à une « définition impossible ». Et, en philosophe que passionnent le patrimoine culturel et le partage des savoirs, cet intellectuel qui a de la terre à ses souliers, se fait le militant « d'une parole pleine et buissonnante ».

Jean Fourton, qui préface cette étude pour le moins originale et novatrice, nous rappelle que « lutter contre l'illettrisme, c'est aussi se faire entendre en faveur de la tolérance et de la paix ». Et de souligner que « lorsque la parole et les mots viennent à manquer, les passages à l'acte agressifs occupent le terrain ». Mais comment combler le fossé entre le « monde chantant de la voyelle » et les discours dominants qui, trop souvent, toisent et méprisent le citoyen ?

Philippe Viard ne se borne pas à explorer un continent mal connu, un concept incertain, il s'efforce de comprendre les raisons économiques et politiques de cet « analphabétisme fonctionnel ». Symptôme d'un éloignement des citoyens des affaires publiques, l'illettrisme est au coeur de la relation gouvernant / gouverné.