Louis Hémon est né à Brest, en France le 12 octobre 1880. À Paris, où sa famille emménage, il fréquente les lycées Montaigne et Louis-le-Grand. Après des études en droit et en langues orientales à la Sorbonne, il s'exile à Londres. Secrétaire bilingue au sein d'agences maritimes, il collabore à partir de 1904 à un journal sportif parisien, Le Vélo, dans lequel il publie des récits et des chroniques. C'est à Londres qu'il écrit un recueil de nouvelles et trois romans qui, malheureusement, paraîtront bien après sa mort. Des raisons familiales causent son exil au Canada.Après un séjour à Québec, il débarque à Montréal et gagne sa vie comme commis dans une compagnie d'assurance, tout en écrivant quelques articles sur le Canada. Le 15 juin 1912, il quitte Montréal pour la région du Lac-Saint-Jean. Il séjourne d'abord à La Tuque, puis à Roberval, une ville située au bord du majestueux lac Saint-Jean, dont il projette de faire le tour à pied. À Péribonka, Hémon rencontre Samuel Bédard, qui l'engage comme ouvrier agricole. Le jeune homme travaille sur la ferme jusqu'au mois d'août, puis comme chaîneur pour une société d'arpenteurs, au nord du lac Saint-Jean. Dans ce pays de colonisation, Louis Hémon détonne dans le paysage. Il apparaît comme un être étrange, acceptant de travailler pour rien, parlant peu, toujours un carnet à la main, n'assistant pas à la messe comme tout le village, mais attendant la sortie des paroissiens devant l'église. Hémon quitte Péribonka et les Bédard le 28 décembre 1912 et s'installe sur l'autre côté du lac, à Saint-Gédéon, où il rédige une première version de son roman qu'il intitulera Maria Chapdelaine, dont il avait fixé les grandes lignes sur son carnet. Au début d'avril 1913, de retour à Montréal, il travaille comme traducteur, tout en dactylographiant le matin son roman sur la machine à écrire de son employeur. Il expédie enfin son tapuscrit au journal Le Temps, qui le publiera l'année suivante sous forme de feuilleton.Entre-temps, Hémon quitte Montréal en direction de l'Ouest canadien, où il souhaite participer aux moissons. À Chapleau, où il s'est arrêté, il meurt à 32 ans, happé par un train le 8 juillet 1913. Une première version de ce qui deviendra un classique de la littérature francophone paraîtra d'abord au Canada en 1916, puis en France en 1921, chez Grasset. Maria Chapdelaine sera vendu à des millions d'exemplaires à travers le monde et sera traduit dans plus de vingt-cinq langues.Philippe Porée-Kurrer vient au monde à Fécamp, dans cette Haute-Normandie dont il revendique l’appartenance en la rattachant aux royaumes nordiques de ceux qui lui ont donné son nom. Scolarité à l’ombre des murs d’un sévère pensionnat religieux dans « la ville qui a brûlé Jeanne d’Arc », puis assoiffé de liberté « après tout ce gris » et « influencé par Erskine Caldwell », il veut faire tous les métiers et connaître toutes les routes, car déjà il sait qu’il veut continuer à écrire et que « cela ne s’apprend pas que dans les livres ». Il est pâtissier à Paris, photographe à Manchester, chef de rang sur le paquebot France – ce qui lui permet de poser le pied sur cinq continents. Il débarque en Amérique du Nord, est grillardin au Texas, colporteur à Montréal, cuisinier dans le Yukon, puis bûcheron au Lac-Saint-Jean, où il rencontre Marylis qui va devenir son épouse. Ils s’établissent alors sur une ferme et ils ont six enfants. Mais il se définit lui-même comme un nomade, depuis une dizaine d’années il partage son temps entre Toronto, Cortes Island, Stockholm, l’Islande et la mer, toujours la mer. Il rêve d’un voilier pour y écrire. « Je m’y vois déjà, dans les mers du Nord, quelque part entre les Féroé et les Lofoten, écoutant la nuit pour tenter d’en arracher la voix des navigateurs anciens. Qui sait, peut-être me donneront-ils les clés de leur dernière saga? »Porée-Kurrer a le don rarissime de ne pas s’enraciner dans un genre. En effet, rien de commun entre son apocalyptique Retour de l’Orchidée (1990), pas plus qu’avec sa Quête de Nathan Barker (1994) ou son Shalôm (1996, Éd. Sivori). Et que dire de ses deux suites de Maria Chapdelaine, mythique roman de Louis Hémon : La Promise du Lac (1992) et Maria (1999), que les Éditions JCL ont d'ailleurs rééditées en août 2013. Enfin n'oublions pas Chair d’Amérique (1997), La Main gauche des ténèbres (2007) et À l'est de minuit (2008).Au-delà de l’intrigue toujours réglée comme une horloge suisse, Porée-Kurrer excelle à nous faire entrer dans des mondes où les repères s’évanouissent, et du même coup il parvient à nous révéler l’insondable. Dans le fond, s’il faut trouver un point commun à ses romans, on pourrait parler d’exploration. Sans même lier le terme à la notion du voyage, Porée-Kurrer est peut-être avant tout un explorateur des possibles. « Le monde a beaucoup changé durant ces dernières décennies, affirme-t-il, nous savons maintenant presque tout sur la nature humaine; à présent, il me semble que la grande mission de la fiction en général et de la littérature en particulier est d’imaginer et même d’extrapoler ce qui va suivre, car des changements encore plus radicaux nous attendent au prochain virage et il faut nous préparer, dans tous les sens du terme! » Dans cette optique, il s’est donné pour défi de faire aujourd’hui ce que Jules Verne a fait hier. Entraînant les lecteurs de « 12 à 120 ans » sur les nouvelles routes à explorer, toujours en se basant sur des faits établis et sur des observations qui n’appartiennent qu’à lui, il y parvient avec brio dans sa nouvelle série qui comportera sept tomes : Les Gardiens de l'onirisphère. Le premier tome, La Révélation de Stockholm, est paru en septembre 2013.