Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 184 pages
Poids : 305 g
Dimensions : 17cm X 24cm
EAN : 9782840501527
L'URSS et l'Europe dans les années 20
Quatrième de couverture
Les années 20 voient les débuts du mouvement européen, avec entre autres le comte Koudenhove-Kalergi et son Paneuropa. En 1925 les Accords de Locarno ouvrent une période de relative coopération entre les Etats d'Europe occidentale, qui tranche avec la période d'opposition aiguë entre vainqueurs et vaincus qui avait suivi les traités de 1919-1920.
Le jeune Etat soviétique réagit immédiatement : ces tendances nouvelles présagent-elles une entente des Etats capitalistes européens contre l'URSS ? Vont-ils suivre la Grande-Bretagne, qui rompt avec Moscou en 1927 ? Vont-ils suivre au contraire l'Allemagne, qui signe un nouveau traité avec l'URSS en 1926 ? En particulier que va faire la France ? Va-t-elle rester ce qu'elle a été depuis 1917, l'adversaire le plus déterminé du nouveau régime ?
Or la France hésite : Briand pour sa part, dans la ligne de Locarno, serait prêt à une entente à trois Paris-Berlin-Moscou, destinée à pacifier l'Europe et à réintégrer l'URSS dans le concert européen tout en la contrôlant étroitement. Mais dès 1929 l'esprit de Locarno est moribond, les relations franco-soviétiques se sont considérablement dégradées depuis 1927, Moscou suit une politique inconciliable avec celle des puissances occidentales et cherche surtout à jouer Berlin contre Paris. Le Plan européen de Briand en 1930 est aussi destiné à permettre à l'Europe de résister aux pressions soviétiques et à sauver l'ordre européen issu des traités de paix que Moscou comme Berlin veulent remettre en cause.
La réaction soviétique, bien sûr fondamentalement et idéologiquement négative, était pourtant dans la pratique plus nuancée : le Plan de Briand paraissait aux Soviétiques en effet tourné au moins autant contre les Etats-Unis que contre l'URSS. Pour des raisons tactiques Moscou chercha donc à ne pas être exclue de la préparation du Plan, afin de pouvoir en contrôler le développement et si possible en émousser la pointe antisoviétique.
Ces relations sont d'autant plus complexes que les diplomates soviétiques de cette période, comme d'ailleurs Tchitchérine et Litvinov, étaient certes des communistes mais aussi, par leur formation intellectuelle et souvent par leur vie en exil avant 1917, des Européens occidentaux. Tout révolutionnaires qu'ils fussent, ils souhaitaient au fond revenir dans la communauté européenne. Pour eux l'Europe était un concept ambigu, idéologiquement dangereux certes mais géopolitiquement exploitable au profit de l'URSS dans certaines conditions.
Préparé en collaboration par des historiens russes et d'Europe occidentale à partir d'archives originales et souvent inconnues jusqu'ici, cet ouvrage retrace les premières rencontres entre le jeune Etat soviétique et une Europe qui commence à prendre conscience d'elle-même. Il s'agit de l'une des problématiques essentielles du XXe siècle.