La Banque centrale européenne

Mise en place le 1^er janvier 1999, la Banque centrale européenne, la BCE, a la lourde responsabilité de conduire la politique monétaire de douze pays européens, peut-être du double demain. Il est donc nécessaire d'établir sur sa stratégie, son fonctionnement et ses résultats, un diagnostic solidement étayé, sans l'esprit polémique qui imprègne trop souvent les jugements portés sur elle. Tel est l'objet des rapports de Patrick Artus et Charles Wyplosz, qui prend appui sur les leçons de la théorie économique et l'examen précis des données institutionnelles, macroéconomiques et financières récentes.

Les auteurs s'attachent tour à tour à la légitimité de l'objectif de stabilité des prix, à sa définition précise, à la stratégie mise en œuvre, à la politique de communication de la BCE, au processus de décision monétaire et à la perception par les marchés de la politique suivie.

Cet examen les conduit à porter un jugement plutôt favorable sur les décisions monétaires qu'a prises la BCE, mais à mettre en garde contre les dangers que recèlent pour l'avenir certaines options actuelles. Ils préconisent une modification de la cible d'inflation (actuellement moins de 2 %), avec un élargissement des marges de fluctuation tolérées autour de l'objectif et d'un relèvement du plafond. Ils recommandent à la BCE de cesser de fonder ses décisions sur l'évolution des agrégats monétaires au profit de prévisions explicites d'inflation régulièrement mises à jour. Dans la perspective de l'élargissement de l'Union européenne, ils prônent également une modification de la composition du Conseil des gouverneurs en vue de maintenir sa capacité de décision.

Les rapports sont commentés par Michel Aglietta et Daniel Gros et accompagnés de deux compléments, de Jean-Victor Louis et d'Anton Brender.