Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 200 pages
Poids : 425 g
Dimensions : 17cm X 24cm
EAN : 9782705801939
Quatrième de couverture
En pleine guerre de 14-18, elle écrivait, ainsi que Séverine et Marcelle Capy, «les rares articles de courage et de bon sens» qui, selon Romain Rolland, consolaient de la presse française, belliciste et chauvine.
On connaît bien Séverine, un peu moins Marcelle Capy, et pas du tout Louise Bodin. On cherche vainement son nom dans les histoires du féminisme ou du journalisme. Oubli? Amnésie de l'Histoire? ou censure? Pourquoi ce silence
autour de celle qui fut rédactrice de La Voix des femmes et qui publia plus de cinq cents articles dans le Populaire, l'Humanité, La France, L'Ouvrière, Les Hommes du jour, La Pensée bretonne, etc.? Qui dérange-t-elle encore pour qu'il soit si difficile de reconstituer son histoire?
Dans les années 20, pour les militants ouvriers rennais, elle était «la bonne Louise». Pour ceux qui ne comprenaient pas qu'on pût être à la fois belle, cultivée, issue d'un milieu bourgeois, épouse d'un professeur à l'école de Médecine de Rennes, et secrétaire dès 1921 - à un moment où les femmes ne votaient pas encore - de la Fédération communiste d'Ille-et-Vilaine, elle était «la bolchevique aux bijoux».
Louise Bodin: née à Paris en 1877, morte à Rennes en 1929. Une vie brève hantée par le remords d'être une privilégiée et par la foi en une Révolution qui ne devra s'arrêter qu'à la perfection du bonheur pour les plus défavorisés, une vie de combat contre toutes les injustices, pour toutes les grandes causes de son temps.
Suffragiste, féministe, pacifiste, socialiste, communiste, sympathisante trots-kyste: autant d'engagements successifs qui marquent l'itinéraire de Louise Bodin, figure exemplaire de la première génération d'intellectuels, fondateurs du Parti communiste français puis dissidents. Mais aussi autant de ruptures de plus en plus douloureuses pour une femme que minent la maladie et l'impuissance à venir à bout de toute la misère du monde.
C'est la voix d'une authentique journaliste qu'il nous est enfin permis d'entendre après plus d'un demi-siècle d'oubli, une voix caustique ou amusée pour dire la vie à Rennes avant 1914, une voix bouleversante pour crier la détresse des femmes et des mères pendant la guerre, une voix indignée pour protester contre la loi de 1920, une voix impitoyable pour décrire un congrès: la voix d'une femme témoin de son temps, qui a sa place dans l'Histoire des femmes aux côtés de Séverine, de Nelly Roussel, de Marguerite Durand.