La commune à l'épreuve des réalités sociopolitiques du village

La Commune à l'épreuve des réalités sociopolitiques du village

Le cas des Comores

Dans l'île de Ngazidja (Grande-Comore), les décisions publiques sont encore prises dans les places topocentriques des villages (bangwe), au détriment de l'institution communale, considérée comme une « étrangère » gênante. Ainsi, le Comorien fonctionne encore dans une logique de relations horizontales de voisinage qui n'accorde aucun sens à la notion de hiérarchie pyramidale.

Cet ouvrage d'Abdillahi Mbaé pose deux questions fondamentales en lien avec le processus de décentralisation en cours aux Comores : quel pouvoir central envisage-t-on de décentraliser ? Pourquoi ne pas inverser l'approche de cette question et penser plutôt à négocier avec la société comorienne sur une politique de centralisation d'une partie des pouvoirs circonscrits par le système traditionnel ?

Cette approche ne correspond à aucun schéma classique. L'auteur rappelle que toutes les agglomérations comoriennes se sont créées et développées au prix de multiples concessions et d'arbitrage. Il rappelle aussi que dans ces villes et villages, des bourgmestres charismatiques ont toujours accordé la plus grande attention aux notions de concessions, d'arbitrage et de cohésion sociale.

Cette réalité millénaire exige sa prise en compte, pour que toute réforme envisagée dans la politique de décentralisation soit au préalable négociée avec la société pour mettre en valeur le capital humain, professionnaliser les cadres appelés à gouverner et à diriger l'administration tant centrale que décentralisée... Le Maire, comme tout autre responsable politique, doit être celui qui peut l'être et non celui qui veut l'être.