La Corse au regard du film amateur

Le noir se fait dans la salle tandis que les derniers spectateurs gagnent leur place. Après quelques secondes, le faisceau du projecteur illumine l'écran et les premières images s'animent: on reconnaît les rues, encore en terre, du centre ville. C'est Porto-Vecchio, petite ville du sud-est de la Corse, filmée dans les années soixante par un cinéaste amateur. En tremblotant, un panoramique cadre la place de l'église et un groupe de personnes apparaît. Dans la salle, les spectateurs s'exclament, font des commentaires à leurs voisins. Entre eux et le film, un dialogue s'engage, jeu de mémoire où les images du passé viennent à la rencontre des souvenirs présents. Le vécu d'une population semble se remettre en scène et se déployer à l'écran...

Depuis quelques années, les projections de films amateurs se multiplient en Corse. Films de famille, mais aussi reportages ou documentaires, ces films expriment, à leur manière, un lieu, une époque, une manière de vivre et de penser le monde. Aujourd'hui, l'enthousiasme du public comme l'intérêt des institutions culturelles attestent la valeur accordée à ces images inédites qui, d'origine privée, rejoignent la mémoire collective, renouvelant la représentation de la Corse au cinéma.

Basé sur les archives de la Cinémathèque de Corse et l'exemple de la micro-région portovecchiaise, ce essai s'interroge sur le regard que porte le film amateur sur la société corse d'alors, sur les questions qu'engendre ce nouveau patrimoine cinématographique.