La curiosité et les curieux

Léo Larguier (1878-1950), l'écrivain aux 80 livres, débat ici des gens singuliers que sont les « curieux », confrérie à laquelle lui-même appartint. Il fut l'un des rares auteurs à décrire, soutenir et implicitement encourager la recherche des « curiosités », peintures, livres ou objets, vestiges d'un passé laissé-pour-compte, chez les brocanteurs, sur les marchés aux puces et dans les salles de ventes. Avec ce livre, il prolonge les travaux d'Edmond Bonnaffé dont le précédent volume de cette collection avait présenté l'étude de ce phénomène depuis l'antiquité romaine jusqu'à la veille de la Révolution à travers l'histoire de riches collectionneurs dont les prestigieuses acquisitions rejoignaient fatalement, un jour ou l'autre, les collections publiques. Larguier, pour notre temps, élargit le champ de l'exploration aux gens de « petites ressources », habités cependant de la même folle passion que les pourvoyeurs des musées. Il plaide en quelque sorte pour la démocratisation de la « chine » et la recherche de la beauté sous ses formes les plus humbles, qui n'en sont pas moins porteuses de sens, pas moins parlantes ni moins riches en éclairages sur notre histoire la plus lointaine, sur nos racines. Et il le fait dans une belle langue, fleurie, poétique, vivante propre à susciter bien des vocations.