La Faux

«Le gouverneur avait revêtu la tenue d'apparat des faucheurs faustinois du début du siècle. La photo de ce tableau fit le tour du monde et l'immense majorité des masses et de leurs élites crurent à un canular, tant la présence d'un vieux montagnard au garde-à-vous avec une faux terrible dans le dos du président de la Wotan-Pacific en tenue de faucheur évoquait une farce de théâtre ambulant tout droit sorti du Capitaine Fracasse.

Cependant, nul n'a jamais nié que le gouverneur, ce jour-là, ait tracé les principales lignes de ce que serait l'évolution du monde économique et financier du demi-siècle à venir. Tant d'intelligence et de puissance visionnaire sous un bonnet à plis de paysan misérable du temps de Napoléon III continuent de déconcerter ceux qui savent et ceux qui dirigent, et laisseront assurément pantois les lecteurs de cette histoire et leurs contemporains.»

Dernière folie d'un potentat de la finance internationale qui revient pour y finir ses jours sur la terre de ses ancêtres ariégeois, La Faux met en scène, à l'ombre du Loum mythique, une confrontation burlesque et fantastique entre le Pouvoir et la Mort A la fois délirant et grave, un des romans les plus puissants de l'œuvre singulière de René-Victor Pilhes.