La fille de la rivière

La Fille de la Rivière

La fille de la rivière traverse.

Elle tente de traverser ce monde, mais veille à rester à l'écart, elle n'a pas le choix. Elle est de celles à qui on refuse tout. Elle vit dans l'ombre des feuillages à proximité de la rivière, qui elle, au fil des crues et des canicules, changera toujours l'itinéraire de son cours.

Sous les frondaisons, entre les berges, dans l'ombre, une halte, dans la marge de la cachette, là ou respirer équivaut à voir, à sentir les autres refugié-es. Et dire et être dit. Et le poème est le reflet exact de l'incontrôlable écoulement que la fille de la rivière nous apprend.

En définitive, elle nous apprend qu'aucune rivière ne doit ou ne peut être considérée comme frontière, mais comme faisant partie d'un bassin versant qui irrigue et qui alimente les pays à inventer ici et maintenant. Qu'aucun rivage ne doit être inabordable, ni lieu d'exclusion, d'humiliation ou de décompte de victimes, mais le lieu où l'on accoste pour aller plus loin, pour franchir, s'affranchir, et, en dernier recours, créer l'altérité qui nous réunira à la terre.