La fleur foulée aux pieds

«Ni Sa Clinquance La Maîtresse des Robes, ni Sa Songerie ne se sentaient tout à fait dans leur assiette. Le Palais n'était que conjonctures...» Dès le début de ce roman écrit à Versailles en 1921 et publié en 1923. Ronald Firbank imprime la marque d'un style tout à fait unique et qui n'a guère eu d'imitateurs. Jeux de mots frivoles ou raffinés, traits d'esprit acides ou comiques, farces et attrapes et néologismes ambigus sont les ingrédients d'une langue extravagante qui puise dans la tradition de Laurence Sterne aussi bien que dans le baroque poudré des véritables décadences dont Firbank dresse ici le portrait impitoyable. Etrange, l'œuvre romanesque de Firbank l'est assurément. Mais sa vie l'était aussi. Car voici un écrivain qui composait ses romans sur des cartes postales dans des chambres d'hôtel ou qui demanda, lors d'une réception donnée en son honneur, de dîner d'un petit pois...

Et depuis plus d'un demi-siècle les romans, ou plutôt, les farces, de Firbank ne cessent de fasciner les grands écrivains anglais ou américains. Edmund Wilson, Evelyn Waugh, W.H. Auden ou Ivy Compton-Burnett considéraient Firbank comme l'un des plus grands écrivains «modernes».