La guerre et la violence

Réfléchir, en matérialistes, sur la guerre et la violence est une sorte de gageure. En effet, quel plus bel objet d'indignation que la guerre et les violences qu'elle déchaîne, depuis que les hommes la font. Comment ne pas souscrire à l'ambition de la bannir de la surface de la Terre ! Mais chacun sait bien qu'il ne sert à rien de maudire, mais qu'il faut comprendre. Or l'explication apprend que ce qui est ne peut pas ne pas être. D'où l'on conclura que guerre et violence sont nécessaires, ce qui semble rendre vain le combat pacifiste, et assigner au rang de mystificateurs ceux qui pensent possible de faire la guerre pour supprimer la guerre. Alors, perversion de la domination ou nécessité inhérente à la politique ? C'est à la lumière de ces difficultés que doivent être abordées celles qui touchent aux nouvelles formes de la guerre inventées au XX^e siècle, nouvelles formes qui, d'un même geste, prennent en otage les populations civiles et reposent sur une mobilisation populaire forte, sans omettre les guerres de libération nationale qui sont, en un certain sens, des guerres populaires. Mais réfléchir sur la guerre impose, bien sûr, d'aborder les modifications qu'engagent ce que certains nomment « guerre contre le terrorisme », avec ce qu'elles impriment comme militarisation des sociétés, donnant à comprendre que guerre et violence sont encore des modes de gouvernement des hommes. Tels sont les différents aspects de ce volume qui examine différents auteurs ayant traité de la guerre, depuis Machiavel jusqu'aux politiques contemporains.