Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 250 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 16cm X 21cm
EAN : 9782753500914
Métaphores d'époque
1985-2000
Quatrième de couverture
Réseau, rhizome, surface, écran, fiction, virus, animal, chair : autant de thèmes ou de motifs, de paradigmes ou de mythes déconstruits ou en formation, qui se voient déclinés au fil de discours, de récits et d'images se tenant au carrefour des arts et des disciplines, et tirant leur consistance et leurs effets de l'hétérogène qui les constitue. À travers l'impureté des formes qu'elles manifestent, la mobilité des objets qu'elles décrivent, la fluctuation des trajets qu'elles explorent, ces figures semblent dire - en creux, en contrebande et parfois frontalement -, tout à la fois avec précision et déplacements, une époque, la nôtre : celle peut-être que nous venons tout juste de quitter ; celle, déjà, dans laquelle nous entrons. L'invention d'une fin de siècle ? Mais que représentent exactement ces métaphores quant à cet extrême contemporain ? Que disent-elles de ce présent qu'elles contribuent à représenter mais également à inventer à mesure qu'elles glissent d'un discours à un autre, d'une forme littéraire, cinématographique ou picturale à une autre ? Y a-t-il une connaissance possible à partir de telles figures comprises dans leur plasticité et leur instabilité ?
Ce que l'on qualifie ici de «métaphore d'époque» ne désigne, en fait, exclusivement ni la matière (ce dont «parlent» les oeuvres), ni la manière (comment elles en «parlent»), mais la relation entre les deux. À travers cette tension - voire cette ambiguïté - entre thème et trope, se dessine un double parcours possible : il s'agit à la fois d'appréhender, dans une perspective centrifuge, les images ou les concepts que l'époque suscite, et d'envisager, d'un point de vue centripète, la création même d'une époque par la condensation de divers moyens de représentation et des discours critiques, sociologiques ou philosophiques qu'ils motivent. C'est donc aussi le foisonnement des métaphores critiques qui fait question : face à la vanité - et, peut-être, à la vacuité - d'une pensée critique qui se voudrait à la fois tautologique (la tautologie comme absolu de la fidélité à l'objet décrit) et signifiante - le sens débordant nécessairement ce même objet -. la métaphore s'impose désormais comme l'un des outils les plus répandus, sinon les plus pertinents, pour tenter de sentir, non l'essence d'une époque, mais les effluves qu'elle répand. Contre toute une idéologie de la pénétration (pénétrer, c'est-à-dire à la fois comprendre et prendre, percer et envahir) et de l'étreinte (embrasser et étouffer), elle développe une stratégie de la caresse : en frôlant l'époque, en effleurant les oeuvres, elle espère les faire plus sûrement trembler et frémir. Mais tout discours - celui-ci compris - est-il inéluctablement pris dans le filet de la métaphore ?