La littérature de la Révolution constitutionnelle de l'Iran

La littérature de la Révolution constitutionnelle de l'Iran

« Ô peuple iranien
Si tu connaissais la portée de la liberté et des droits humains, tu n'accepterais pas ce genre de soumission et ne supporterais pas ce genre de bassesse. Tu ouvrirais des abris de réflexion pour mettre en cause ton esclavage, tu organiserais des assemblées et tu accéderais aux moyens de l'union contre le despotisme ! Tu es plus grand en nombre et en puissance que le despote, mais ce qui te manque, c'est le coeur à l'unisson. Si tu atteignais cet état grâce aux actes, tu chercherais une issue et tu serais sauvé de l'oppression du despote. »

Considéré comme l'initiateur de l'« iranisation » de la culture de la Perse à la fin du XIX^e siècle, Mirza Fath Ali Akhound-zadé apparaît sans doute comme l'un des plus talentueux dramaturges de cette époque (au moins en Orient), et comme le précurseur de la littérature séculière et nationale iranienne. Sa pensée, ouvertement inspirée des travaux des Lumières en Europe, et en particulier ceux des Encyclopédistes français, plus spécialement dans les domaines socio-politiques, mobilise des notions modernes, avec un langage simple et compréhensible par tous. Il a ainsi pu élaborer un trésor littéraire qui devint quelques décennies plus tard le phare de la Révolution constitutionnelle et des mouvements socio-politiques qui y sont associés en Iran. En dépit du fait que certaines de ses pièces ont parfois été traduites en Europe, il demeure néanmoins encore largement méconnu en tant qu'intellectuel « matérialiste », réformateur et promoteur de l'égalité homme/femme. C'est ainsi que le travail de recherche de Bagher Momeni comble une partie de ce vide et nous offre la possibilité de comprendre la nature du combat du peuple iranien contre l'obscurantisme religieux et le despotisme.