La loge

Un homme parle. Il s'adresse à une femme qui se tait jusqu'à l'épilogue. Il a changé de place, un soir, à l'Opéra, avant une représentation. Quoi de plus anodin ? Et pourtant, le trouble ressenti à l'occasion de cet événement minuscule l'a submergé à la façon des tempêtes, des coups de foudre qui bouleversent parfois la scène baroque. Loin du bruissement mondain de la salle s'improvise alors un étrange théâtre.

Monodie obstinée, ce récit souvent burlesque entraîne personnage et lecteur dans le vertige de la reformulation. De plus en plus désorienté, gagné par l'incertitude, l'homme silencieux qui avait fui les mots dans la plénitude d'une musique harmonisant sacré et profane se voit contraint d'exorciser ses rêves et de retrouver, par la violence d'une véritable logorrhée, un rapport authentique à la parole. La voix, restituée dans la pluralité de ses rythmes et de ses inflexions, devient le lieu où le mensonge social se dissipe ; et la loge, celui d'une initiation imprévue.