Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 172 pages
Poids : 194 g
Dimensions : 12cm X 19cm
ISBN : 979-10-304-0753-2
EAN : 9791030407532
Souvenirs de mon commerce
dans la contagion de Mecislas Golberg
Quatrième de couverture
Mais l'artiste scrute sa face, les courbes de ses bras, la ligne du cou, les rides qui fuient, les ombres qui se posent comme des papillons...
Mecislas Golberg
C'est avec beaucoup d'émotion que je parle du livre de Mecislas Golberg. Je pense que ce n'est pas le dernier livre de lui qui paraîtra. C'est en tout cas le dernier paru et le dernier dont il ait corrigé les épreuves. D'autres mieux que moi diront quelles idées neuves sont contenues dans La Morale des Lignes. Je veux exprimer ici l'admiration que je professe pour le style nerveux et vivant de ce livre.
Une personnalité y vibre que nous connaissions et que nous aimions. Avec quelle poignante curiosité, avec quelle moqueuse angoisse Mecislas Golberg a étudié surtout dans son âme et un peu dans les dessins de Rouveyre, ces actrices, ces académiciens, ces personnages célèbres qui tous, sauf le pape, s'agitent, grimacent, aiment, rient et souffrent à Paris. Je ne connais rien de moins frivole. Et je ne saurais comparer Mecislas Golberg qu'à son frère en douleur : Toulouse-Lautrec qui dessina des figures parisiennes avec le style, la précision et l'angoisse qu'on retrouve dans les descriptions de Golberg. Celui-ci malgré son mal a pu achever l'oeuvre de dissection qu'est La Morale des lignes, parce qu'il était familiarisé avec la mort au point de ne plus la craindre. Il avait eu le courage d'écrire lui-même et depuis longtemps déjà les adresses des lettres de faire part de son décès.
Mecislas Golberg avait peu d'amis et beaucoup d'ennemis parce qu'il était pauvre et que sa vie pleine de souffrances fut tout entière consacrée à l'idéal que l'on méconnaît, à la beauté dont rient les imbéciles. J'étais un des amis de Mecislas Golberg et je ne voudrais pas être le dernier à rendre un hommage douloureux, à dire un triste adieu à un homme auquel nous devons quelques-uns des livres les plus élevés et les plus émouvants de notre temps.
Guillaume Apollinaire,
« Mecislas Golberg, La Morale des lignes », La Phalange, mars 1908.
Les belles filles de la destinée vêtues de pures draperies s'enfuient.
Cher indompté ! C'est la victoire d'Hésione qu'elles apportent à l'avenir et ta renommée.
Quel courage ! Le rocher du Caucase n'est pour toi qu'un repositorium Apollinis.
Les poètes ne savent pas quel est le père de l'Amour, mais nous sommes les fils de ton Prométhée qui annonce la mélancolique la beauté de l'ombre et nous le savons. Souffrant sur le Caucase il gouverne encore les hommes, lui que les philosophes platoniciens melliflus mais menteurs pensaient être la providence.
Et toi fils du Titan, tu penses au bord de la mer latine et de loin réalises ce voeu de Maupertuis :
« Nous n'avons reçu que depuis très peu de temps une vie que nous allons perdre. Placés entre deux instants, dont l'un nous a vus naître, l'autre nous voit mourir, nous tâchons en vain d'étendre notre être au-delà de ces deux termes ; nous serions plus sages si nous nous appliquions à en bien remplir l'intervalle. »
Salut à toi. Un vieil auteur a dit de toi sans te connaître : « Il a des yeux de lynx, qui jettent d'eux mêmes la lumière et qui sont plus intelligents, quand l'obscurité est plus grande. »
Guillaume Apollinaire,
« Mecislas Golberg », La Revue littéraire de Paris et de Champagne, mars 1905.