La nouvelle roulette russe

Qu'est-il advenu de la Russie au cours des dix dernières années ?

De superpuissance mondiale, d'un vaste camp socialiste dont l'influence s'étendait sûr l'ensemble de la planète, l'URSS s'est transformée en un territoire ravagé, en pays du Tiers Monde, connu sous le nom de Fédération de Russie et dont les entrailles bouillonnent d'un «ballet des souverainetés» sanglant, porteur d'une désintégration inéluctable.

Quelques trente millions de Russes vivent, aujourd'hui, en dessous du seuil de pauvreté. L'espérance de vie est en baisse ; pour la première fois, le taux de mortalité a dépassé celui des naissances, les suicides se multiplient et des maladies que l'on croyait disparues, réapparaissent. L'alcoolisme, la drogue et la criminalité font toujours plus de victimes.

La paupérisation matérielle va de pair avec la dégradation spirituelle. Au vide idéologique, s'est ajouté celui de la Loi, découlant de la désintégration de l'Etat et des institutions jadis appelées à en maintenir les principes. La vraie classe dominante est la mafia.

La Russie éclatée, dévalisée, plongée dans l'angoisse, le dos au mur, cette Russie-là est bien plus dangereuse pour le reste du monde que l'URSS ne l'a jamais été. L'émergence inattendue sur la scène politique mondiale de Jirinovski en même temps que l'apparition d'autres politiciens russes non moins radicaux, avec leurs programmes ultra-nationalistes et ultra-patriotiques, en sont le symbole et le reflet.

Il est dans notre intérêt commun de réaliser ce que ces nouveaux fanatiques promettent dans leurs harangues électorales : faire que le Russie à genoux se remette debout.

Une Russie humiliée offre le meilleur terrain pour la forme la plus dangereuse qui soit de roulette russe. La pression sur la détente se fait de plus en plus forte, et nul ne sait dans quelle alvéole du barillet se cache la balle nucléaire fatale.