Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 149 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 14cm X 21cm
EAN : 9782825117194
Quatrième de couverture
«C'était la nuit qui tua Juan Don. A quoi bon prononcer le nom de ce mal. Il vous laisse l'esprit vide, pétrifié. Alors, comme lui et moi avions coutume de le faire, je parlerai donc de peinture et d'Espagne. Il avait la tête de "l'Hiver" d'Arcimboldo, pauvre chose terreuse percée de tumeurs fruitières. Ses coudes et ses mains aussi, nous les avions déjà vus ensemble, au Prado de Madrid, dans "Les Trois Ages et la Mort" de Hans Baldung Grien. Les chairs qui lui restaient jaunissaient d'heure en heure, relâchées, bouffies de médecine...
Bien sûr, la terreur léchait ces couloirs défaits, suçait la lumière des ampoules. Goulûment. Comme un vampire à son premier bal. Bien sûr, il y eut des sanglots de femmes, et même des cris de folles. Mais je devais à notre amitié la reconnaissance toute simple de cette beauté morbide, de ces instants morphine qui allaient changer ma vie. Juan mourait, et son agonie traçait un passage entre sa force et ma faiblesse, sa vie démesurée et mes rituels froids, sa plume et la mienne. Je perdais mon meilleur ami, la littérature un colosse, et les femmes - toutes les femmes - le violeur inspiré de leurs grandes illusions. C'était la nuit qui tua Juan Don. La nuit, le diable m'en est témoin, où je lui fis ce serment sacré d'embrasser une fois encore chacun des corps qu'il avait possédés.»
Un roman possédé, sensuel, envoûtant, tout habité par les visions extatiques de la peinture espagnole. Avec cette œuvre mûre, au style raffiné, Jean-François Fournier s'affirme comme l'un des romanciers suisses les plus vrais et les plus originaux.