La paix du travail est-elle menacée ?

Dans les pays qui nous entourent, on nous envie souvent notre qualité de vie, et, plus particulièrement, notre paix sociale caractérisée par une quasi-absence de grèves. Le conflit de travail survenu récemment à Reconvilier, dans le Jura bernois, apparaît comme une exception qui confirme la règle.

Il est vrai que la comparaison du nombre de journées de travail perdues suite à des grèves est éloquente : en Suisse, on enregistre environ un jour de travail perdu par année pour 1 000 travailleurs, contre plus de quarante jours en moyenne européenne. Ce score extraordinaire n'est toutefois pas le fruit du hasard ou le résultat d'un don du ciel. Il est dû à des dizaines d'années de négociations, de recherche de compromis viables de la part des partenaires sociaux. La paix du travail, triomphe du réalisme sur la lutte des classes, exige non seulement la bonne foi des partenaires et l'art du compromis, mais d'abord la volonté de se réunir autour d'une table ; volonté qui s'affirme en fonction d'intérêts concrets à faire valoir.

Les auteurs des contributions réunies ici en prélude au 70^e anniversaire de la « paix du travail » de 1937 dans l'industrie des machines témoignent de cette spécificité helvétique et en analysent les bienfaits. Ils se demandent toutefois si la paix du travail, éminemment fragile, va se perpétuer à l'avenir ou, au contraire, si elle est en train de s'étioler, au risque de disparaître un jour. Ce faisant, ils esquissent les conditions de la survie et de l'épanouissement de cette composante du bien commun.

Cette publication a été réalisée dans le prolongement de trois soirées de conférences organisées par la section vaudoise de la Nouvelle Société Helvétique en automne 2006.