En 1666, quand Spinoza rédige le Traité Théologico-politique, parait, anonymement, à Amsterdam, la Philosophie interprète de l'Ecriture Sainte de Louis Meyer, <> de Spinoza, l'un des éditeurs de Opera Posthuma de 1677. L. Meyer s'est engagé avec fougue et talent dans tous les débats intellectuels, littéraires et théologiques de son temps. Poète, directeur de théâtre, lexicologue, grammairien, il se lance dans le débat théologique sur l'interprétation de l'Ecriture Sainte en proposant une thèse explicitement tenue pour "paradoxale", révolutionnaire. La raison ou la philosophie - celle de Descartes, - est la norme unique et suffisante de l'interprétation de l'Ecriture Sainte. Cette norme acceptée, l'Ecriture, éclairée par les acquis de la science nouvelle, verra ses prétendus mystères élucidés et les différentes Eglises chrétiennes, enfin réconciliées, pourront tourner leurs efforts en direction des Infidèles. L'Interpres de Meyer et le TTP de Spinoza furent réédités conjointement en 1673 et 1674 et condamnés ensemble en 1674. Mais la Philosophie interprète de l'Ecriture Sainte, dont Jacqueline Lagrée et Pierre-François Moreau nous offrent aujourd'hui la première traduction française, n'introduit pas seulement à la découverte d'une pensée dont la connaissance est indispensable à l'intelligence de l'oeuvre de Spinoza (du Court-Traité au TTP), elle nous plonge avec verve et passion en plein coeur des débats herméneutiques et théologiques qui opposent, au milieu du XVIIe siècle, défenseurs et adversaires de la Raison.