Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 231 pages
Poids : 310 g
Dimensions : 14cm X 22cm
ISBN : 978-2-8111-0334-7
EAN : 9782811103347
La police morale de l'anticorruption
Cameroun, Nigeria
Quatrième de couverture
La police morale de l'anticorruption
Cameroun, Nigeria
La lutte contre la corruption est aujourd'hui devenue le leitmotiv de toutes les politiques menées en Afrique au nom du développement. Échouant très souvent à atteindre leurs objectifs, ces politiques anticorruption sont rarement étudiées en profondeur. Olivier Vallée en offre ici une analyse novatrice et radicale, fondée sur une connaissance intime des rouages de l'économie politique du continent. Ce livre propose une ambitieuse théorie critique des politiques internationales et locales de lutte contre la corruption, mais aussi une herméneutique des discours moraux et normatifs qui les accompagnent.
En examinant comment ces discours et ces pratiques interagissent à l'échelle globale et comment ils sont réappropriés localement en fonction d'historicités propres, l'ouvrage va bien au-delà des travaux qui insistent tantôt sur les facteurs de la corruption, tantôt sur les effets pervers des politiques de lutte contre celle-ci. À partir de l'analyse comparée des deux pays stigmatisés par Transparency International, le Cameroun et le Nigeria, il retrace la floraison de discours, d'enquêtes, de lois et d'organes de contrôle qui tentent d'endiguer la corruption africaine. Il raconte aussi les retournements et la réversibilité de ces processus d'endiguement.
S'appuyant notamment sur les travaux de Weber, cette approche « déconstructiviste » dévoile le « sens caché » de la doxa anticorruption mais elle souligne aussi et surtout le « cens caché » qui se loge dans ces dispositifs de lutte contre la corruption : à savoir, des dispositifs de pouvoir qui produisent de l'inégalité, de la subordination et de la discipline dans les sociétés africaines contemporaines. Les politiques de lutte contre la corruption et leurs discours apparaissent ici comme le vecteur majeur d'une « police morale » de la globalisation qui révèle tout autant les dynamiques à l'oeuvre sur le continent que les mutations du regard occidental tendant à une criminalisation de l'Afrique.