La raison pratique au XXe siècle

Comment penser la notion de raison pratique? La question est à l'ordre du jour: depuis le milieu du XX^e siècle, les tentatives de réhabilitation de la philosophie pratique se multiplient. Nombreux sont ceux qui proclament le primat de la raison pratique, envers et contre la primauté que l'on aurait trop longtemps accordée à la raison théorique et aussi - souvent - en remplacement des philosophies de l'histoire, si populaires au XIX^e et au début du XX^e siècle. Comment, pourtant, une telle réhabilitation de la philosophie pratique doit-elle être envisagée? Faut-il la placer sous le signe de la raison pratique kantienne ou au contraire sous l'égide d'Aristote? Serait-ce Heidegger, ou est-ce plutôt Wittgenstein qui doit lui servir de père fondateur?

Plusieurs des contributions rassemblées dans ce volume (par Myriam Bienenstock, André Tosel, Pierre Livet) réexaminent ces différentes approches, adoptées par les défenseurs d'une raison pratique. Sept essais (par Anne Amiel, Arno Münster, Emmanuel Renault, Stéphane Haber, Magali Bessone, Philippe Ducat, Pierre-Yves Quiviger) reviennent sur certaines des figures les plus représentatives de la philosophie pratique contemporaine: Hannah Arendt, Jürgen Habermas, Axel Honneth, John Dewey, John Rawls, Pierre Bourdieu. Dans la troisième partie de l'ouvrage, c'est à la découverte de nouveaux champs d'étude ouverts par la raison pratique - en bioéthique, mais aussi en ergologie ou encore en droit constitutionnel, et jusqu'en géopolitique - qu'invitent Ludwig Siep, Yves Schwartz, Emmanuel Picavet et Michaël Thompson.