La réfugiée de Saint-Martin

En 1943, Saint-Martin-Vésubie, un village des Alpes du Sud, vit le rêve utopique de la fraternité. Assignés en résidence, mille deux cents juifs se mêlent aux villageois sous la protection de l'armée italienne qui l'occupe. Ces réfugiés oublient les persécutions, recommencent à vivre, à aimer, à danser... Mais le 8 septembre, Nice et la Haute-Savoie sont envahies par les nazis. Il leur faut de nouveau fuir avec l'illusion folle de rejoindre les Américains débarqués en Calabre.

Sonia, enceinte d'un lieutenant italien, va à dos de mule se cacher sur les hauteurs du Piémont, où l'accueille la famille de son amant, parti rejoindre les partisans.

Des personnages courageux qui hanteront longtemps le lecteur.

La montagne, au mois de mai, était magnifique, vertes et ondoyantes, elle étalait ses rondeurs autour du pays pour s'envoler vers des sommets encore enneigés, coiffés de brume laiteuse. Les maisons d'Elva, avec leurs toits gris, se nichaient au milieu des sapins, entourées de tapis de petits rhododendrons rosés. De temps en temps, le hennissement d'un âne, le caquètement d'une poule, le pépiement d'un oiseau... Le petit derrière d'une marmotte en fuite trouait un buisson jaune de millepertuis. Les vallons étaient parsemés d'une multitude de fleurs inconnues, bleues, rouges, jaunes, blanches..., des étoiles, des clochettes, des corolles, des grappes, la nature était spectaculaire et prenait des airs de paradis.

Le pays était éloigné de tout, les Allemands ne venaient que rarement, on était tranquille.