La représentation de la pauvreté dans la société tunisienne

En Tunisie, la pauvreté a sa place institutionnelle dans la culture sociale et culturelle du pays. Ni étrange, ni insolite, elle s'insère dans une culture attentive à la précarité. Elle s'intègre également dans une conception fonctionnaliste de la société, considérant la variété des conditions socio-économiques comme indispensable à la vie sociale.

Malgré sa fonction, la pauvreté est une situation indésirable ; de nombreux indicateurs montrent bien le statut inférieur du pauvre dans la société tunisienne.

Cependant, si l'on se permet de parler de statut inférieur du Tunisien pauvre, on ne peut pas se permettre de parler de son exclusion sociale. Ce n'est pas quelqu'un qui vient d'ailleurs, porteur d'une autre identité mais c'est le parent, le voisin, le partenaire dans le travail... Les Tunisiens pauvres ne forment pas une enclave dans un milieu homogène et il est préférable de parler de sous-culture que de culture de pauvres.

Contrairement aux conclusions énoncées par plusieurs auteurs occidentaux sur l'opposition du système de référence idéologique des pauvres et celui de la société dominante, les représentations - valeurs qui caractérisent la vie psychologique des Tunisiens pauvres sont les mêmes que celles cultivées par l'ensemble social même si ces derniers introduisent des pondérations et des manipulations de certaines de ces représentations pour mieux affronter la précarité socio-économique.