La Tondue

Au lendemain de la Libération, une femme est tondue devant les élèves de l'école primaire d'un village du Nord. Parmi les assistants, le petit Manuel : son fils. Il nous raconte cette histoire et tout ce qui s'ensuit : son incompréhension de la cérémonie démoniaque, la honte de son grand-père Vivi, le cordonnier, père de Marie la Tondue, les efforts que fait monsieur le maire pour réhabiliter cette chèvre émissaire que tout le village condamne.

Parce qu'elle était «distante» et trop fière, disent les uns. Parce qu'elle avait soigné un Allemand blessé, disent les autres. En fait, Marie la Tondue avait été résistante, comme son père Vivi et son mari. Michel, fusillé par les Allemands. Alors, innocente ? Mais comment peut-on être innocent quand on est puni ? Le petit Manuel n'imagine pourtant pas sa mère coupable : si elle a été tondue, se dit-il, «c'est de bonne foi»... Tondu à son tour, lynché par ses camarades de classe, il partira sur les routes et finira enfermé dans la «Colonie», un univers quasi pénitentiaire, où il sera mêlé à d'autres garçons «impulsifs, colériques, révoltés, résistants, fugueurs, vagabonds, instables, émotifs, timides, tristes et pervers-nés». Une sorte de zoo où se retrouvent tous les échantillons de l'humanité...

Les aventures du jeune Manuel nous mèneront loin : de la demeure des Fleury, un vieux couple de bourgeois salauds, à la péniche des Fernez, anarchistes d'eau douce tout pleins d'un amour taciturne pour ce jeune garçon. Marie la Tondue et Vivi, le cordonnier devenu errant, que font-ils pendant ce temps-là ? Auraient-ils pris leur parti d'un monde où la calomnie et le délire justicier règnent en maîtres, mais où il faut bien vivre ?

Roman populiste ? Roman métaphysique ? Aucune formule ne peut résumer la (...), cette quête spirituelle de l'onnoince (...) que mène un gosse de onze ans et (...) dans les campagnes de Picardie, au (...) d'un monde terriblement serein où toute (...) semble méritée.