Fiche technique
Format : Relié
Nb de pages : 392 pages
Poids : 640 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782845861640
Langages non conventionnels à Madagascar
argot des jeunes et proverbes gaillards
Quatrième de couverture
La tradition orale n'est pas, comme on ne cesse de le répéter, un monument en péril, une bibliothèque menacée de disparition, c'est au contraire un bouillonnement continuel, le lieu d'une expression populaire que les clercs et les puissants du jour ne peuvent guère bâillonner : pendant qu'ils répètent une tradition morte, la tradition vivante explore des domaines nouveaux.
L'argot des jeunes jomaka de Tananarive et des autres grandes villes de Madagascar, phénomène qu'on a vu éclater en même temps que la révolution des étudiants de 1972, est un exemple de ce paradoxe qui veut qu'un groupe social dominé peut parfois, à défaut d'un pouvoir réel, imposer à la société certaines réalisations symboliques : un langage qui était d'abord stigmatisé comme caractéristique des pauvres et des descendants d'esclaves vient tout d'un coup occuper le devant de la scène sociale. Revanche des classes opprimées, qui réussissent ainsi, sous les couleurs de la mode, à diffuser leurs manières de parler et de penser dans des milieux qui, par ailleurs, ne perdent pas une occasion de leur faire sentir leur domination et leur mépris.
Les proverbes gaillards, qui forment la seconde partie du livre, ont bien sûr des fonctions différentes, et ils ne circulent pas nécessairement dans les mêmes milieux. Mais on voit bien aussi ce qui unit ces deux volets des Langages non conventionnels à Madagascar : le plaisir de la transgression, et cet amour d'une expression indirecte, si typique de l'art de vivre malgache. Habituellement, l'expression indirecte sert à envelopper, à dissimuler tout ce qui pourrait choquer. Ici, à l'inverse, on en use pour exprimer des réalités d'un autre ordre. Jubilation d'avoir dit des énormités qui sont, au fond, extrêmement morales.