Fiche technique
Format : Relié sous étui
Nb de pages : 619 pages
Poids : 7500 g
Dimensions : 27cm X 39cm
ISBN : 978-2-85088-513-6
EAN : 9782850885136
Le bestiaire médiéval
l'animal dans les manuscrits enluminés
Quatrième de couverture
De la fin de l'Antiquité, aux IVe et Ve siècles, jusqu'au moment où l'art de l'Europe tout entière bascule dans la Renaissance, au début du XVIe siècle, le Moyen Âge ne cesse de jeter un regard émerveillé sur la vie animale. Pendant plus de mille ans, les manuscrits lui font une large place dans le décor peint sur les pages de parchemin. Parce qu'ils sont protégés, sous d'épaisses reliures, dans les rayonnages des bibliothèques, les livres n'ont que peu subi les injures du temps, et se retrouver devant ces enluminures offre à chaque fois l'expérience renouvelée du face-à-face avec la magie des couleurs. La large enquête menée pour cet ouvrage a permis, à côté d'oeuvres essentielles et incontournables, de réunir un grand nombre de créations très peu connues, et pour certaines inédites. En plus de six cents reproductions, c'est un vaste panorama de la présence animale dans le livre médiéval qui est proposé, à la fois dans le déroulement des siècles et des styles, et dans les modalités les plus diverses du regard que l'homme a pu porter sur cette partie fondamentale de la Création.
L'animal apparaît, dans ces oeuvres, comme un compagnon.
Des pratiques agricoles et de l'élevage à la chasse, le rapport est celui d'une proximité chaleureuse, d'un partage des mêmes lieux, d'une connivence, et dans le déroulement même du calendrier, c'est par des formes animales que sont exprimés les principaux signes du zodiaque ou les travaux des mois. Ce compagnonnage s'étend jusqu'à des espèces rares ou lointaines, des ours et des lions présents dans les ménageries, aux guépards apprivoisés des manuscrits des Visconti ou du duc de Berry, et à l'éléphant offert par Louis IX au roi Henri III d'Angleterre. L'animal est aussi un marqueur de frontière. Les bêtes étranges servent à définir des territoires merveilleux, le plus souvent dans des régions peu explorées, et qui fascinent. Les Pygmées nous sont montrés, dans une province de l'Inde, chevauchant des moutons, et combattant ainsi les grues et les cigognes. Mais les terreurs les plus grandes sont liées aux cas hybrides, lorsque le danger prend la forme d'une créature dont on ne sait plus si elle relève de l'animal ou du genre humain, ce qui remet en cause la stabilité de la Création, ainsi pour le couple de loups-garous longuement rencontrés par le prêtre Giraud au fond d'une forêt de l'Irlande.
La métamorphose comme l'hybride ne peuvent être acceptés que comme la conséquence du pouvoir de Dieu, et même ces déviances sont inscrites dans un vaste plan du Salut. Dans les images de la Genèse, Adam donne leur nom aux animaux, et Noé sauve toutes les espèces par leur présence dans l'arche au moment du Déluge. Plus tard, au moment de la Fuite en Égypte, l'Enfant Jésus est escorté par les lions et les léopards qui lui font révérence, et de Jérôme à François d'Assise, les plus grands saints ont le pouvoir de parler aux animaux et de s'en faire des amis fidèles.
Dans ce va-et-vient entre l'observation vraie et le mythe, la réalité devient le support d'une lecture symbolique, mais qui ne porte jamais une signification unique et définitive. Le sens de chaque animal peut varier selon les contextes, et ces images sont ici insérées dans le milieu précis qui permet de les comprendre. Les enluminures réunies dans ces pages peuvent en effet être au service du symbolisme religieux, de l'allégorie politique, de l'humour de la fable. Mais de l'abstraction de l'art préroman au naturalisme sensible du gothique tardif, ces peintures sont d'abord le fruit d'un regard vivant, qui se déploie dans un vaste théâtre du monde où l'animal est le miroir de l'homme, de ses bonheurs comme de ses tribulations, de son quotidien comme de ses rêves.