Le chagrin de Matisse

J'écris au téléphone, ça me change d'être dans la prose tant que je m'y surprends dans l'ombre de la main. Je remplis des pages de ce qu'il raconte, je remplis beaucoup de pages d'information autour du tableau qu'il a composé. Je suis entré dans le bruit des pages pour qu'il me donne un point de vue sur le tableau, une ligne précise dans l'exotisme, une ficelle d'Indien la déplaçant dans les écrans quand on la voit ça fausse la rhétorique. Il complète le tableau par une seconde phrase et sans lâcher le plus beau morceau. Il organise le tableau, réponse et sens, par plusieurs regroupements. Il arrête le plan selon l'originale réserve du moment. Je multiplie, je serre les lignes pour ne pas ignorer. Il met en marche le moteur figuratif. Il ouvre la figure par un signe d'affirmation. C'est au rasoir qu'il reprend le champ de sa catastrophe. Au rasoir qu'il y croit, au sol qu'il organise le texte du monde.
Alin Anseeuw

Les souffrances du roi, ou La tristesse du roi, est une toile de 292x386 cm réalisée en 1952 à partir de papiers que l'artiste a colorés avec de la gouache et découpés. Collection Musée d'art moderne de la ville de Paris.