Le fraternel rapprochement

Le fraternel rapprochement

Du milieu du XIX^e siècle à la mise en place de la Sécurité sociale en 1945, la mutualité a posé les fondements philosophiques et techniques de la protection sociale moderne.

En Charente-Inférieure, la plupart des communes étaient pourvues d'une ou de plusieurs sociétés de secours mutuels établies sur une base corporative ou inter-professionnelle, où moyennant le paiement d'une cotisation, les adhérents faisaient face collectivement aux épreuves de l'existence, la maladie, la vieillesse et le deuil.

De l'île de Ré à Saintes, de La Rochelle à Rochefort, de l'estuaire de la Seudre à Marans, cultivateurs, artisans, boutiquiers, employés, fonctionnaires et marins ont fait l'apprentissage de la prévoyance au sein de ces structures solidaires et démocratiques.

La mutualité a ensuite accompagné les premiers pas de l'Etat social, avant de jouer un rôle complémentaire dans les régimes obligatoires de protection sociale, les Assurances sociales en 1930, puis la Sécurité sociale en 1945. Le mouvement mutualiste de Charente-Maritime s'est adapté aux bouleversements politiques nationaux comme aux mutations économiques du département ; il a répondu aux besoins des travailleurs indépendants, à ceux des salariés et de leurs familles ; il a contribué à moderniser les infrastructures sanitaires du département.

A l'heure où l'avenir de la Sécurité sociale et celui de la mutualité ne sont plus évoqués qu'en termes comptables, cet ouvrage tend à rappeler que le principe de la solidarité, et non celui de la rentabilité, a été une référence constante tout au long de l'élaboration du système de protection sociale, notamment dans les pratiques quotidiennes des mutuelles : solidarité des riches envers les plus modestes, des bien portants envers les malades.

Cette histoire de la mutualité en Charente-Maritime est donc moins l'histoire d'une institution que celle d'une belle aventure humaine inscrite dans un territoire attachant, riche de sa diversité géographique et sociale.