Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 370 pages
Poids : 774 g
Dimensions : 18cm X 25cm
EAN : 9782752601766
Le grand livre de l'interprétation des rêves
Quatrième de couverture
«C'est dans ce livre que va être tentée la revanche de l'imaginaire sur la censure, du ludique sur l'esprit de sérieux, de l'humain pathétique sur la sacralité devenue abstraite et trop savante pour soutenir les écarts et les émotions. Comme Les Mille et Une Nuits, cet ouvrage n'a pas vraiment d'auteur. Le fait même de persister à l'attribuer à l'imam Muhammad Ibn Sîrîn se reconnaît de ces ruses bien connues dans les anthologies arabes, quand des auteurs s'appuient sur un garant, fictif ou réel, avant que ce qu'ils aient pu diffuser ne tombe sous l'oeil soupçonneux des défenseurs de l'orthodoxie.
Tel est l'enjeu de cet ouvrage: retrouver les sentiers de l'évasion à travers la narration des errements de l'âme du musulman discipliné dans une religion qui a fait de la lucidité un impératif catégorique. Comment en effet se faire pardonner l'audace de celui qui raconte la perversion la plus ignominieuse, la profanation la plus follement sacrilège, c'est-à-dire tout ce qui nous happe dans les abysses des fantasmes? Réponse: ce n'est seulement possible que dans le hors champ total de la scène du raisonnable (l'ob-scène!), dans ce non-lieu où l'innocence du rêve suspend les codes de la logique, de la morale et de la religion.
Partout dans ce livre, construit comme un carnet de consultations, c'est le rêveur qui a peur de la monstruosité de son rêve et c'est l'interprète qui va le harceler pour lui faire tout dire, débusquer ses autocensures et ses oublis, délier ses métaphores - pour que soit enfin dévoilée la scène rêvée.
Bien au-delà de ce qui en fait un irremplaçable document d'anthropologie historique, au-delà de sa valeur littéraire, cette somme doit se placer au seuil d'une nouvelle lecture du Coran, celle qui doit revoir l'ensemble du lexique et le ramener à son contexte d'origine. On verra alors que la nuit de la jahilyya, de cette noire béance préislamique, est moins une coupure dans le temps, l'abolition d'un pan de la mémoire des Arabes, que la répétition sur le sol arabe de l'acte premier d'une cosmogonie en tout point semblable à celle qui a donné naissance à l'esprit grec.»