Le loup blanc

Le plaisir exceptionnel d'une dégustation verticale

Ce livre rassemble deux oeuvres de Paul Féval, Le Joli Château et Le Loup Blanc. Il ne reste plus au lecteur qu'à retrouver dans sa bibliothèque un troisième ouvrage du même auteur, Le Bossu. Cette opération de triple lecture permet d'éprouver un plaisir d'oenologue quasiment inconnu en littérature : celui de la dégustation verticale. Il est rare qu'un auteur écrive trois fois le même livre ; c'est le cas ici. Dans chacun des ouvrages, Féval laisse parler son environnement et ses convictions du moment. Son génie littéraire s'arrondit et progresse vers la maturité. L'histoire est strictement la même. C'est celle de l'héritier évincé, qui revient plusieurs années après. Celui qui le protège et le venge est un être polymorphe, un personnage redoutable et insaisissable.

Le Bossu a immortalisé le personnage de Lagardère, protecteur d'Aurore de Nevers. L'ennemi du chevalier, celui qui a capté l'héritage à son profit, est le prince de Gonzague. Ces personnages illustres du roman de cape et d'épée ont connu deux vies précédentes, sous d'autres noms. Ces vies antérieures émergent dans Le Joli Château, et bouillonnent dans Le Loup Blanc.

Parmi les plaisirs de la dégustation verticale, le plus raffiné n'est pas tant de se laisser surprendre par le récit que de goûter les analogies et les évolutions du verbe. La magie n'est-elle pas un art des correspondances ?