Le monde changera un jour

Un jour qui commence n'est pas toujours un hymne aux aubes claires, il peut être aussi la clôture d'une nuit sévère, le début d'une journée froide, coupante comme un constat de misère. Implacable comme le froid qui s'insinue, comme la chaleur qui s'inhibe, comme un réquisitoire de la condition humaine qui resterait au seuil d'un pauvre logis sans porte. Plus rien pour arrêter le vent qui n'est jamais un souffle, juste une morsure sournoise aux fausses allures de caresses. On n'est chez soi qu'un courant d'air, tellement partout qu'on n'est nulle part. Tout est affaire de point de vue, de lumière et de pénombre où de drôles de gens se tapissent, se blottissent. La presque lumière qu'ils s'octroient abolit le principe même de relief. La peine ombre obscurcit chaque bonne heure. La lumière y est sombre, faite de grands aplats de noir. Soulage ment, le noir n'est pas une lumière, c'est aussi une négation de l'éclat. C'est un puits où se noient les mots de ceux qui se croient à peine bons à se taire.

Alors il faut oser la lumière des mots, le chant d'un regard, la chaleur d'une voix, la tessiture d'une poignée de mains, la force d'une question et la patience bienveillante d'une réponse écoutée jusqu'au bout. Et les mots partagés retissent la lumière. La vie redevient un printemps, ce grand maître des lumières, qui remet les ombres droites et dissout les peines. On regarde se parler ceux qui pensaient qu'ils n'y arriveraient pas et les deux dans les yeux, on se dit que le monde changera un jour.

Avec ce recueil d'une trentaine de nouvelles, parfois poétiques et parfois militantes, le Mouvement ATD Quart Monde et Souffle court éditions nous rappellent que l'engagement peut prendre des formes différentes et que la culture est au coeur des actions à mener pour construire ensemble une autre société, plus humaine et plus ouverte.