Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 381 pages
Poids : 513 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-919046-29-4
EAN : 9782919046294
Le musicien et son intellectualité musicale
Quatrième de couverture
Le monde-Musique
Comment comprendre que la musique puisse constituer un monde à part (ce qui n'est pas dire un espace autarcique), un monde qu'on nommera monde-Musique, un monde fait de morceaux de musique plutôt que de musiciens, un monde où l'existence se concentre dans des morceaux singuliers qu'on appellera oeuvres, un monde dont l'intensité sensible relève de l'écoute, un monde dont l'autonomie relative procède d'une logique originale (le solfège), un monde que les musiciens ne cessent de visiter pour y prêter leur corps en jouant sans parler, un monde apte à résonner/raisonner avec un environnement non musical ?
Répondre, avec la rigueur requise, à ces questions nécessitera quatre tomes : successivement une théorie de l'écoute musicale à l'oeuvre (I), une théorie de la logique d'écriture légitimant qu'on parle ici d'un « monde » musical (II), une théorie de cette discursivité langagière propre au musicien qu'on nommera intellectualité musicale (III), une théorie de ces rapports du monde-Musique avec son environnement qu'on nommera raisonances (IV).
III. Le musicien et son intellectualité musicale
Depuis trois siècles, des musiciens s'attachent à formuler, par écrit, les enjeux de la musique qu'ils pratiquent : il y a ainsi des intellectualités musicales qui nomment et énoncent sur une musique dont pourtant la pensée propre, non langagière, ne nomme ni n'énonce.
Pour qu'un tel projet émerge à partir de Rameau, il aura fallu que la musique se constitue en monde (relativement) autonome [tome II], que la philosophie en prenne mesure (Descartes) et qu'un embrasement idéologique sans précédent (les Lumières) vienne mobiliser le musicien. D'où un nouveau type de discursivité musicienne conjoignant une théorisation, une critique et une esthétisation de la musique aux fins d'encourager les musiciens aux tâches musicales de l'heure et de convaincre les non-musiciens de la portée générale de ces dernières. L'articulation variée de ces trois opérations engendrera une constellation disparate d'interventions, à l'écart de toute continuité disciplinaire d'ordre académique (telle la musicologie, née plus tardivement).
À ce titre, on monographiera ici les intellectualités musicales de Wagner, Boulez, Boucourechliev et Rosen (à rebours des anti-intellectualités musicales de Chopin, Debussy, Varèse et Berio) pour les confronter à quelques intellectualités d'un autre type : mathématique, philosophique et architecturale.