Le monstre de la rue Sénac

Un caissier a disparu avec la paie du personnel de son entreprise. L'enquête des policiers marseillais les mène au cabinet du docteur Bougrat, un médecin bien connu dans la ville. Ils y découvrent dans un placard le cadavre en décomposition du caissier, client et ami du docteur.

Contre toute évidence, celui-ci va nier le crime. Mais un récent divorce, des dettes et une vie de débauche ont terni sa réputation, et ses explications (la mort serait due à un suicide ou à un accident thérapeutique) sont peu crédibles. Arrêté, incarcéré, Bougrat va être jugé par la Cour d'Assises des Bouches-du-Rhône.

Au terme d'un procès retentissant qui suscite une querelle d'experts toxicologues, il va sauver sa tête. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, il sera déporté au bagne de Guyane. Il va s'en évader quelques mois plus tard : une évasion rocambolesque avec quelques forçats le conduira au Venezuela.

Et là - miracle du sort - il va vivre une vie nouvelle. Remarié, père de famille, médecin charitable, il va gagner la considération de la population et mourir respecté de tous en 1962.

Ainsi, médecin connu, héros de la guerre de 1914, objet de scandale, victime d'un jugement controversé sinon d'une erreur judiciaire, bagnard évadé, bienfaiteur des pauvres, ce personnage hors du commun qui fut baptisé «le monstre de la rue Sénac» a vécu une odyssée qui fut l'une des plus extraordinaires aventures humaines du XX^e siècle.