Le pape, le roy et l'alchimiste

Il fut un temps où il n'était pas bon d'avoir le goût de la recherche scientifique si l'on voulait sauver sa peau. Ne parlons pas de sauver son âme... Giordano Bruno, pour avoir défendu la thèse copernicienne, fut brûlé à Rome en 1600 sur ordre du Saint-Office. Galilée, lui aussi adepte des travaux de Copernic mis à l'index en 1616, pour ne pas finir comme Giordano Bruno, dut, en 1633, se rétracter. À cette époque, au coeur de l'Église Apostolique Romaine, sciences et religion ne faisaient pas bon ménage. Mais en avait-il toujours été ainsi ?

Au début de la seconde moitié du XIII^ème siècle pourtant, un pape d'origine française, né en Languedoc, pensait que foi, religion et sciences n'étaient pas incompatibles.

Ce pape, Clément IV, grand ami du roi de France, Saint-Louis, avait eu le courage d'affirmer son intérêt pour les sciences et se décida, contre la règle établie, à prendre sous sa protection celui que l'on considère, ajuste titre, comme le père de la méthode scientifique en Europe : l'anglais Roger Bacon. Surnommé le « docteur admirable », Bacon s'intéressa, bien avant Léonard de Vinci, à la physique, à l'astronomie, à l'acoustique, à l'optique, à la chimie autant qu'à l'alchimie ou la magie, et à de nombreuses inventions mécaniques : bateaux, voitures, locomotives à vapeurs et machines volantes...

Contemporain et ami de saint Thomas d'Aquin et de saint Bonaventure, Clément IV, avant d'être élu pape, fut d'abord dans la vie profane, chevalier se battant contre les Maures en Espagne pour la Reconquista, puis devint dans le Languedoc des comtes de Toulouse le meilleur juriconsulte de son temps avant de se mettre au service de la famille royale française. Il fut marié, père, puis veuf juste avant de rentrer dans l'Église.

L'intérêt de Clément IV pour les sciences lui venait-il de son parcours hors norme ?

C'est la vie de ce pape, unique, passionnante, fascinante, que nous retraçons et vous proposons de découvrir ici.