Le patois des croix

Au printemps 1982, la préparation d'un numéro d'Horizons d'Argonne consacré à la mort m'amena à visiter les cimetières des 173 villes, bourgs et villages de l'Argonne telle que l'a délimitée Jacques Hussenet. Le 16 avril, en fin d'après-midi, après une heure passée dans le cimetière à trois terrasses de Villotte-devant-Louppy, je me prépare à quitter les lieux. Une dernière fois, je regarde l'église. Sur les murs éclairés par le soleil couchant, de nombreux signes aux formes géométriques élémentaires m'intriguent. Ces signes gravés à hauteur d'homme ont un peu plus ou un peu moins de dix centimètres de hauteur. Ces signes ne sont pas récents ; à première vue, ils doivent être antérieurs au XIX^e siècle. Ceux qui ont gravé ces graffiti, d'une exécution maladroite, n'étaient sûrement pas des tailleurs de pierre ! Parmi le foisonnement de graffiti, il y a principalement des croix latines ou grecques dont les extrémités se terminent par des petites boules ; ces croix semblent être le commun dénominateur de signes plus complexes.