Le petit homme du Montjovis

Nous nous dirigeons vers un monde assoiffé de réussite et de plus sans scrupule. Le mot valeur ne veut plus dire grand chose, à part dans les milieux boursiers. Qui aujourd'hui, à part nos anciens, se rappelle de ces fameuses et indispensables valeurs humaines que nous enseignaient avec une patience extrême nos instituteurs. A travers ce modeste ouvrage qui n'a aucune prétention si ce n'est que de refaire découvrir à chacun d'entre nous une odeur d'un passé, certes difficile mais vécu avec amour entouré d'une famille attentionnée et pas toujours disponible. Les années d'après guerre ont forgé les caractères et appris la tolérance. Pour cela, j'ai voulu réouvrir les volets des vieilles bâtisses du Montjovis. Sentir à nouveau cette ambiance des gens modestes ayant connu l'époque. Rares étaient les pendules dans les nombreux commerces, quant aux bistrots, ils se sont transformés dès la débauche des usines en lieux cultes pour les traînards. Après tant de misère due à la guerre, les parents distribuaient l'amour à leurs gosses sans compter, les familles étaient soudées et l'individualisme n'était pas encore dans le dictionnaire.

Certes cette remontée dans le temps n'est pas innocente. Curiosité et nostalgie auront largement contribué à la démarche. Petit à petit les images reviennent et ceux qui ont connu le site retrouveront l'impression de remettre leur première culotte courte, seule l'injustice de la vieillesse nous ramènera à la raison. C'était l'époque des blouses grises et des galoches pour donner des coups de pieds dans les cailloux. Dans le même temps, au grand théâtre de Limoges, "Le pays du sourire", "Carmen" et bien d'autres spectacles enthousiasmaient un public qui ovationnait les artistes debout pendant de longues minutes. Quant au Ciné Union, où les placeuses en petit tablier blanc me font encore rêver, il restera dans l'histoire comme un des plus grands temple de l'aire cinématographique. L'école Montjovis, un autre temple de l'enseignement, vous livrera ses secrets à l'intérieur de l'ouvrage, et peut-être êtes-vous de ceux qui, grâce à elle, ont pris sainement le chemin de la vie.

Gérard Masson