Le regard habité

De qui, de quoi chante Éliane Djurcovitch-Riedin ?

De l'âme. De cet état de conscience et d'inconscience qui anime un être et qui vient à la fois de lui-même et d'ailleurs.

Car la ligne mélodique qui émane de la poétesse, la traverse aussi. Elle provient de plus loin, porteuse d'autres voix, elle monte et elle descend, blanche et noire, sensuelle et mélancolique, diaphane et obscure, présente et absente en même temps, dans le temps sans limite de la poésie.

Éclair dans l'instant fugitif, roc du souvenir, elle se dissout, non dans le néant, mais dans le Tout : Dieu qui fut d'abord la déesse Mère, puis devint notre Père et qui n'est ni l'un ni l'autre, bien au-delà de l'image sexuée que nous imaginons...

« Tel une main gigantesque » l'arbre revient souvent sous la plume de l'auteur. Pour « ne plus penser, ne plus sentir », mais être seulement, elle désire s'incarner en la plante sensible et s'opposer à l'artifice et au mensonge de notre monde de béton, de goudron et de plastique.

Écoutez la musique inhabituelle, irrationnelle, intemporelle de ce petit livre. La voix d'une âme délivre l'homme enchaîné.
Camille Claus