Le sacrilège

Joseph et Clémence Brunet forment un couple éperdument amoureux et partagent une vie charmante, habitée de cette magie flamboyante que respirent les gens simplement heureux. Pourtant, le cancer gronde insidieusement et menace l'équilibre de leur future famille. Joseph finit par être emporté par la maladie, quelques jours avant que Clémence, éplorée et seule, ne donne naissance à leur enfant. Frédéric est la survivance de l'amour qui a entouré sa venue au monde... Il grandira dans l'ombre vertigineuse de cette histoire passionnée. Le lien qui unit mère et fils va peu à peu les isoler du reste du monde... jusqu'à ce que leur lourd secret fasse basculer leur destin.

L'amour et l'indicible, racontés bien au-delà des limites de l'existence.

Frédéric naquit exactement deux jours après le décès de son père, dans la vieille bastide familiale d'Éguilles. C'était un jeudi, à six heures du matin. Dès la naissance, Clémence remarqua ses beaux yeux gris et sa peau si douce au toucher, si blanche. Elle salua là le présage annoncé par cette ressemblance de chair presque curieuse avec son défunt époux.

Il n'y eut point de coupure pour l'amour de Clémence. Peu à peu, tout lui sembla devenir à nouveau fort, puissant, solide. Son enfant grandissait entre elle, les champs d'amandiers et la lavande folle, dont on ne distingue pas la belle couleur violette lorsque l'on ne se tient qu'à quelques pas du plant. La jeune femme faisait partie de la nature qui l'entourait : les pins qui se cramponnent à la roche calcaire et dont les racines débordent sur le limon argileux pour venir y puiser le peu d'humidité qu'il recèle précieusement ; le soleil qui filtre à travers les chênaies ; la bourrasque de mistral qui vous glace le sang à l'approche de l'automne. Elle participait à la respiration insoumise de ce pays de feu et de soleil.