Le semeur d'amour

Le semeur d'amour

« J'ai longtemps emmagasiné de la douleur », le recueil Le semeur d'amour de Youcef Zirem narre une conversion hantée d'une pointe de nostalgie ; par touches impressionnistes sur fond de sa patrie, l'Algérie, qu'il a quittée, et de son pays d'adoption, la France.

Adossée aux valeurs humanistes, la poésie de Youcef Zirem est comme le damier d'un tapis berbère, dont le motif et la technique de nouage remontent très loin.

Il y a ce cri humain qui le rapproche de Camus : « aucune révolution n'est valable si elle n'est pas humaine ». Cette humanité est la chair et le sens de ce recueil de poèmes, avec sa dualité d'être dehors et dedans. C'est une écriture géométrique tendue au sol : « Tu n'as plus envie entendre parler de la torture », la voix lointaine sur laquelle il prend appui avec la magie fertile de l'amour : « Écoute cette voix qui vient de loin ; laisses-toi bercer par le murmure apaisant des eaux du fleuve ; fais confiance aux gens humbles qui te prennent avec eux, qui t'offrent leur coeur. » Cet apaisement vient avec le silence qui parle au temps, la distance qui s'opère entre l'obscurité et la lumière. Cette lumière est restituée non pas comme celle d'une étoile morte, mais après les vagues du doute, les textes de résistance, les amours perdus, le voyage interminable, c'est la lumière d'un homme réconcilié avec lui-même.