Le syndrome Tapie

Le syndrome Tapie est un des fruits, sans doute pas le plus acide, des années Mitterrand. Bernard Tapie a vendu les châteaux de Bokassa, fait revivre Bernard Hinault, naître Greg Lemond, renaître le vaisseau d'Alain Colas, abandonné sur un quai de Tahiti, pour en faire le Phocéa, le plus beau voilier du monde. Il est allé combattre Le Pen, a relancé une gauche marseillaise exsangue, renvoyé Rocard sur la touche, offert l'illusion d'un parti radical de gauche. Et il a rendu à l'OM son lustre passé, avec huit années de gloire inégalable et une étoile d'or gravée sur le maillot.

En 1998, Bernard Tapie, fraîchement sorti de prison, s'essayait au rap aux côtés de Doc Gynéco... trois ans après, il «contrôle à nouveau l'affaire». Par quel mirobolant tour de passe-passe l'ancien président est-il rappelé par ceux-là-mêmes qui étaient ses plus farouches adversaires ? Etait-il le seul assez «sévèrement burné», comme disent les Guignols, pour redresser le bateau ivre, ou est-il simplement plus efficace et moins à craindre que les autres ?

Quelle stratégie se cachait derrière ce retour en grâce salué par toutes les autorités du football ? Une stratégie qui semble déjà renouvelée par la récente nomination de Christophe Bouchet - un journaliste qui fut le pourfendeur de Bernard Tapie - au sommet de la hiérarchie «olympienne».

Dans un long entretien avec André Baudin, Jean-Louis Levreau, l'homme qui a fait venir Tapie au chevet de l'OM et de Marseille en 1986, trace le portrait du marchand de rêve. Il explique le phénomène, ses effets et ses séquelles, il raconte de l'intérieur les personnages et les situations.